Le grand plongeon du lancement

Alors voilà, ça y est… (roulement de tambour)… On va enfin savoir comment elle a fait, celle-là, pour réussir à se lancer. Le seul article qui nous intéresse depuis le début mais qu’elle évite soigneusement de nous faire lire…

Vous allez voir, vous allez être déçus. J’entends déjà les commentaires : « ben mince, alors, c’est tout? Mais si c’est ça, moi aussi, je peux le faire, moi aussi, je peux y arriver ». Figurez-vous que c’est tout le mal que je vous souhaite.

Avant toute chose, je vais essayer de vous expliquer ce que je pense avoir compris du fonctionnement d’Amazon, ce qui éclairera ensuite mon propos. Bien entendu, quand je me suis lancée, tout ceci était parfaitement inconscient, au sens de « non préparé » (et pas de « totalement barré », même si parfois, le doute est permis). Mais en y réfléchissant, je crois qu’inconsciemment, je suis parvenue à amorcer la pompe.

De quoi s’agit-il : pour ceux qui l’auraient raté, Arte a diffusé récemment un reportage sur la politique d’Amazon en matière de publication et de découverte de nouveaux talents. En dehors du fait que, selon Arte, on ne risquait pas de lire le futur prix Goncourt parmi les auto-publiés, ce qui ressortait du reportage c’était la volonté d’Amazon de se positionner en leader de l’édition et de « niquer » (pardonnez-moi l’expression), les éditeurs traditionnels. Sauf que ce positionnement nous arrange bien, nous les auto-publiés. Car, pour faire éclore de nouveaux talents, Amazon n’hésite pas à donner à tout le monde la possibilité d’émerger. Pourquoi vous dis-je cela? Parce que, comme certains vont vraiment finir par le croire, je travaillerais pour eux? Pas du tout. Tout simplement parce que depuis mon lancement, j’ai étudié le fonctionnement des classements.

Si vous voulez faire émerger de nouveaux talents, vous devez les classer « par le haut » : en clair, on commence fort et tout ce qu’on risque, c’est de chuter. Sinon, si vous les mettez à la suite de tous les autres, les grands noms, les stars de l’édition classique, vous n’avez aucune chance de dénicher, parmi eux, un futur best-seller. Et c’est exactement ce qui se passe quand vous vous lancez sur KDP. Vous remarquerez que les premiers classements de vos ouvrages sont tout à fait honorables, et rarement après la 1000ème place du top. Souvent, même, plutôt entre la 300ème et la 700ème place. Or, je vous le rappelle, certains sont aujourd’hui classés 18.000ème du top Kindle qui compte des centaines de milliers de livres. Donc, Amazon classe par le haut, en accordant, si je puis m’exprimer ainsi, une « prime à la nouveauté ». Dernier publié, premier proposé.

Vous le constaterez d’autant mieux lorsque, dans votre catégorie, vous verrez vous passer devant des livres inconnus, à peine publiés et ne pouvant pas se targuer du moindre commentaire positif. Quand vous, vous en affichez 5, tous à 5 étoiles. La raison en est toute simple : il s’agit d’un livre fraîchement pondu. Ce livre, ce fameux ouvrage que vous détestez avant même de savoir de quoi il parle, cet auteur impudent qui a l’audace de vous faire reculer d’une place, dites-vous que s’il est premier de sa catégorie c’est que très certainement, le jour de votre lancement, vous l’avez été aussi. Ou, pas loin.

Toute la difficulté, c’est donc d’amorcer la pompe qui va vous permettre de vous maintenir à flot. Sinon, vous allez inexorablement couler et finir par l’atteindre, cette fameuse 18.000ème place (voire, pire).

Tout cela, le 24 janvier 2014, quand j’ai appuyé sur le bouton, je l’ignorais. Mais, sans le savoir, je pense que je me suis correctement servie des 2 seuls leviers sur lesquels je pouvais agir : le prix (attractif), et les commentaires lecteurs. Et c’est là que, pour vous, tout va se jouer. Car, comment faire pour que votre livre se fasse remarquer? Pour qu’il ne perde pas ce rang inespéré auquel il s’accroche comme une moule à son rocher? C’est simple : votre parcours d’auteur, vous ne l’avez pas fait tout seul. Vous avez forcément, autour de vous, des proches, des amis, qui ont lu vos ébauches. Qui se sont pris la tête sur votre prose, votre titre ou votre couverture. Que vous bassinez depuis des mois avec votre projet d’écriture. Et qui sont au courant que ça y est, vous allez vous lancer et leur lâcher la grappe. Eh bien, ils se trompent.

Jour J, heure H, votre livre est parti dans les limbes. D’abord, vous commencez par l’acheter. Et oui, vous en avez le droit (même si vous ne serez pas autorisé à le commenter). Vous serez donc votre premier acheteur, votre première vente (ce qui vous permettra, le cas échéant, de pouvoir expliquer plus facilement le parcours d’achat et de téléchargement). Car, immédiatement après, vous allez mobiliser votre réseau. Moi, à l’époque, je n’avais même pas de compte Facebook, j’ai envoyé des textos (une dizaine, au total, dont 7 ont répondu « présent »). Je pense d’ailleurs que pour une mission de cette importance, il vaut mieux fonctionner par texto. FB, c’est bon pour le reste, mais pas pour cela. Ou alors, en messagerie perso. Et vous suppliez vos amis triés sur le volet d’aller acheter votre livre à 2,68€ (d’où l’intérêt de le mettre pas cher, c’est plus facile à 2,68€ qu’à 15€). Vous leur expliquez que même s’ils n’ont pas de tablette Kindle, c’est très simple : on peut télécharger depuis Amazon des applications gratuites pour lire sur PC, sur Ipad ou même sur téléphone portable.  Et vous les adjurez, ensuite, de poster un commentaire à 5 étoiles dans les 24h. Je sais, ça fait court mais tant pis. Ils ont adoré, ils n’ont pas pu décrocher, ils ont dévoré l’ouvrage dans la nuit. Mieux, vous leur soufflez les textes, ce que vous avez envie de voir apparaître en premier. Pour éviter de vous retrouver avec 7 fois : « c’était super, j’ai beaucoup aimé ».  Est-ce que c’est le style, l’histoire? Envoyez-leur carrément le texte de leur commentaire, ce sera encore plus simple. Sinon, ils auront peur de mal faire.

Surtout, dites-leur de faire attention à leur pseudonyme. De base, c’est le nom de leur boite email. Si c’est le même que le vôtre, ça craint… Demandez-leur de le modifier en ciblant ce qui vous intéresse : que des pseudos de filles, ou l’inverse, que des pseudos de mecs… Que certains fassent quelques fautes d’orthographe, ça sonnera plus vrai. C’est bien le seul endroit où je les autorise.

Et voilà comment, en quelques heures, votre ouvrage nouvellement publié et bénéficiant d’un classement honorable, se trouve propulsé en tête de sa catégorie grâce à 7 commentaires élogieux (c’est le nombre que j’ai obtenu). Accessible au plus grand nombre. A tous les autres lecteurs qui vont se dire : « Tiens, mais c’est quoi? Je ne l’ai pas lu, ce truc. C’est pas trop cher, ça a l’air sympa… Pourquoi pas? »

Vous ne me croyez pas? Je vous jure que je n’ai rien fait d’autre, strictement rien. J’ai juste demandé à mes amis (toujours les mêmes, les 7), de parler de mon aventure autour d’eux et d’encourager tous ceux qui liraient le livre et qui l’aimeraient à en parler à leur tour. A chaque fois, à 5 personnes minimum. Et c’est tout. Pas de battage sur Facebook, pas de vidéo sur Youtube. Rien.

Parce qu’au bout d’un moment, les vrais lecteurs apparaissent. Si le livre est effectivement à la hauteur de leurs attentes, les ventes augmentent, les commentaires (les vrais), se multiplient. Le livre remonte dans les classements. Comme il remonte, les autres lecteurs se disent que c’est parce qu’il est bon. Alors, ils l’achètent à leur tour. Et ainsi de suite.

Ces quelques commentaires du début peuvent servir à amorcer la pompe, j’en suis la preuve vivante. Pour le Livre 1, je n’ai pas les chiffres (voir Histoire d’une sombre Histoire). Mais pour le 2, lancé avec encore moins de commentaires (certains ont dû se dire que ce n’était pas la peine de recommencer), les voici : 2 ventes le premier jour, puis 9, puis 10, puis 21, puis 57. L’effet « boule de neige ».

Si vous avez plus de 7 « complices » mobilisables, gardez-en un peu sous le pied pour les temps de vaches maigres. Pour le moment où, après avoir fait 57 ventes en une seule journée, le livre va retomber à 20. Vous me direz « 20, c’est bien ». Oui, c’est mieux que 0. Mais beaucoup moins bien que 57 et du même coup, votre classement en prend une sacrée claque. Car c’est toute la subtilité : vous chutez aussi vite que vous êtes monté. Il vous faut donc conserver des poires pour la soif. Ne grillez pas tout de suite vos cartouches. Et quand ça va moins bien, déclenchez une nouvelle offensive « acheteur + nouveau commentaire ». Vous verrez, c’est efficace.

Voilà. J’aurais aimé vous dire que sur les autres plateformes, c’était pareil. Mais non. La semaine dernière, imaginant naïvement réitérer le coup ailleurs, j’ai essayé Nook. Au bout de 3 jours, le site ne parvenait toujours pas à télécharger mon manuscrit sous word, j’ai lâché l’affaire. Puis Kobobooks (Kobo étant le partenaire de Fnac.com, en gros, là ou la Fnac va chercher ses ebooks et ils ne sont pas nombreux, une sorte de boulangerie polonaise du temps de Solidarnosc). Sur Kobo, pas de commentaires clients. Si on ne vous cherche pas spécifiquement, on ne vous trouvera jamais. Après 3 jours, je n’avais vendu qu’un exemplaire, celui que j’avais acheté. Et Kobo ne savait pas me dire quand le livre apparaîtrait sur Fnac.com (ni même, si ce serait jamais le cas car, d’après ce que le backoffice m’a avoué par email, c’est Fnac qui décide d’intégrer l’ebook à son catalogue, ou pas).

Pour faire court, j’ai tout arrêté et je suis revenue sur Amazon, en exclusivité. J’aborderai dans un autre article les avantages (et les inconvénients) d’être en exclu sur KDP (avec la fameuse option « KDP Select »). Mais si un jour, à force de tourner sur la boutique de votre catégorie pour voir ce qui s’y passe et de télécharger des extraits gratuits de vos concurrents les plus sérieux, vous recevez un email d’Amazon faisant la publicité de votre livre et vous conseillant vivement de l’acheter car « il pourrait correspondre à vos goûts et à vos attentes », vous comprendrez, comme moi, qu’il vaut mieux se mettre dans les mains de gens qui savent faire. Qui appliquent à tous les romans, auto-publiés ou pas, les mêmes stratégies marketing. Qui envoient (à vous, mais à combien d’autres en même temps?), des publicités sur vos ouvrages. Parce qu’ils ont décidé que la publication traditionnelle, c’était de l’histoire ancienne.

Pour nous, ce n’est tout simplement pas notre histoire, elle nous est inaccessible. Alors, essayons de la construire ailleurs.

2 Commentaires

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  1. Ma chère Lise,
    c’est avec un grand plaisir que j’écris ce commentaire pour soutenir ton blog et donner mon retour extraordinaire sur ta méthode de travail sur Amazon !

    J’ai lu et dupliqué tes conseils à la lettre et le miracle s’est accompli ! Oui, j’ai avancé dans le classement de la place n°13.000 à la place n°182, en 2 jours, aujourd’hui dans la boutique générale… et en 4ème position dans ma rubrique spécifique, la SF. Je suis booster pour atteindre très vite le top 100 et obtenir la récompense d’une belle visibilité qui va de paire avec les nombreuses ventes qui ont déjà commencées !!! Je continu à te suivre Lise…. j’espère te rendre l’ascenseur un jour… avec les projets que je mets en place en parallèle !!!

    Amitié
    Marilyn NEEL

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  2. 9 Mai 2014. Marylin est N°1 du Top Kindle avec son livre, Angie et les Immortels. Je suis extrêmement heureuse pour elle. Le livre est bon, bien positionné en prix, elle a suivi mes conseils. Que dire de plus? Qu’un auteur talentueux, bien conseillé, se fait sa place au soleil. Et voilà…. CQFD

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