Un petit article pour clarifier définitivement un débat qui agite régulièrement la sphère des auto-publiés sur le thème : quel statut choisir?

J’ai tout lu sur ce sujet. Jusqu’à récemment, le fait que certains pensaient que dès le premier euro collecté, nous devions (et pouvions) nous inscrire auprès de l’Agessa, alias l’organisme qui collecte les charges sociales pour le compte des auteurs.

Car, là-dessus pas de doute possible, un auto-publié est un auteur (n’en déplaise aux médisants qui nous traitent d’amateurs). Certains, donc, espéraient pouvoir être traités d’égal à égal avec les auteurs publiés par les éditeurs traditionnels. D’où d’interminables discussions sans solution.

Afin de trancher définitivement le débat, je me suis fendue d’un mail à l’Agessa dont je vous livre la réponse :

Madame,
Vous nous faites savoir que vos œuvres littéraires sont diffusées sur le portail Amazon et vous nous interrogez sur votre situation au regard du régime de sécurité sociale des auteurs.
Nous vous précisons que ce régime codifié au Titre VIII du Livre III chapitre 2 du code de la sécurité sociale concerne toute personne rémunérée en droits d’auteur, au sens des articles L 131-4 et suivants du code de la propriété Intellectuelle (C.P.I).
Dans le cas de l’écrivain, cette rémunération s’analyse  comme étant la somme qu’il perçoit en contrepartie de la cession à un éditeur de ses droits d’exploitation sur son œuvre, cession concrétisée par un contrat d’édition constaté par écrit (article L 132-1 du C.P.I).
Aux termes de ce contrat, l’éditeur « assume à ses frais, risques et périls, la publication de l’œuvre sous forme de livre et s’emploie à lui procurer, par une diffusion dans le public et auprès des tiers susceptibles d’être intéressés, les conditions favorables à une exploitation sous d’autres formes ».
Toutefois : « ne constituent pas un contrat d’édition au sens de l’article précité du C.P.I, le contrat dit à compte d’auteur  et le contrat dit de compte à demi… » (articles L 132-2 et L 132-3 du code de la propriété intellectuelle).
Ainsi, la rémunération perçue par l’auteur auto-édité, ce qui est votre cas, ne peut être assujettie au régime de sécurité sociale des auteurs.
Cette activité relève du régime des professions indépendantes et nous vous invitons, en conséquence, à vous mettre en rapport avec l’URSSAF de votre département et de cotiser auprès du Régime Social des Indépendants.
Ceci n’exclut pas que vos créations personnelles soient qualifiées d’œuvres de l’esprit, sous réserve d’être originales, et donc qu’elles soient protégées par les dispositions du code de la propriété intellectuelle.
Salutations distinguées
Jean-Marc THEBAULT
Adjoint au responsable du Service Auteurs

Voilà, je pense que c’est clair. A nous les cotisations plein pot et les joies du RSI. A nous le choix entre statut autoentrepreneur et profession libérale. Mais en aucune façon, nous ne serons inscrits à l’Agessa. La bonne nouvelle, c’est qu’en termes juridiques, d’après ce que je comprends, « droits d’auteur » veut dire « compensation pour avoir refilé tous ses droits d’exploitation à un éditeur et donc, avoir perdu tout contrôle sur son oeuvre ».

Effectivement, on peut comprendre qu’il y ait une compensation…

Plus d’un mois après ma catastrophique expérience de promo gratuite, il est temps de faire un point.

Rappel : Livre 1 gratuit les 3 et 4 mai, 100 téléchargements au total.

Premier constat : depuis, les ventes du Livre 2 n’ont pas augmenté.

Deuxième constat : en 1 mois, je me suis tapé mes 3 premiers commentaires à 1 étoile. « Je n’ai pas accroché, je ne suis pas rentré dedans… Ouh là là… Mais c’est quoi, ça??? Vade retro satanas… « .

Ça? C’est ce que tu n’aurais jamais acheté parce que tu n’achètes pas de livres, tu profites. Tu ne lis pas, tu juges. Pas étonnant que tu n’aies pas aimé, mon gars, tu ne l’a téléchargé que parce qu’il était gratuit. Si ça se trouve, ce n’est même pas ce que tu aimes lire, à condition déjà que tu lises. Et donc… Tu sais quoi? Eh bien, tu n’aimes pas… CQFD. Je te parle comme je veux, tu ne payes pas, tu n’as pas droit au respect de l’auteur. Toi aussi, pour moi, tu es gratuit…

Bref, une cata sur la cata.

Pour faire court, je le dis, je le redis et je le reredis : NE FAITES JAMAIS DE GRATUITS!!!

Vous en voulez la meilleure preuve ? J’ai lancé le Livre 3 depuis 5 jours, à 3€50 au lieu de 2€68 pour les deux autres (certes, il est plus long). Et vous savez quoi? Je n’ai jamais fait un démarrage aussi tonitruant.

 

Investie de mon rôle de conseil et soucieuse de pouvoir répondre à l’un de mes abonnés (Pascal), je me suis lancée ce weekend dans une promotion gratuite sur KDP.

Méfiante, j’ai mis uniquement le Livre 1 en promo, gratuit, donc, pendant 48h, les 3 et 4 mai (option offerte par KDP Select sur 5 jours maxi, vu que l’autre, Countdown, ne marche pas sur amazon.fr, je vous expliquerai un jour pourquoi). Si je l’ai fait c’est parce que moi, avec 2 livres, je peux limiter la casse : ne rien vendre sur le Livre 1 pendant un weekend mais donner envie à des lecteurs d’acheter ensuite le Livre 2. C’est dans cet état d’esprit combatif que je me suis lancée. Mal m’en a pris.

Compte tenu de ce que je viens de vivre, je ne peux que vous DECONSEILLER FORMELLEMENT de m’imiter, surtout si vous n’avez qu’un livre en rayon. Voici pourquoi :

Situation de départ : le Livre 1 se trouvait quelque part entre la 200ème et la 300ème place du top, un peu idiote, je ne l’ai pas notée exactement. Durant les 2 jours de promo, 99 téléchargements ont été comptabilisés. Pendant ce temps-là, inexplicablement, chute drastique des ventes du Livre 2 (3 ventes en 2 jours au lieu de 10 mini, habituellement). Mais pour le Livre 1, les classements paraissaient très favorables : n°29 du top des gratuits, n°1 des gratuits en SF. Naïve, je me suis dis : « lundi matin, quand je vais regarder le classement du 1, je vais halluciner ».

Effectivement, j’ai halluciné. Mais pas pour ce que je croyais. Le Livre 1 était, tenez-vous bien, 2028ème du top. Son plus mauvais classement jamais atteint. Un classement tellement catastrophique que sur le coup, je n’en ai pas cru mes yeux. Je pensais que les téléchargement gratuits étaient pris en compte dans le classement global et bien maintenant, je sais que la réponse est NON. J’avais perdu un weekend de vente et 1750 places d’un seul coup. Un fiasco! Je ne savais même pas si je m’en relèverais.

Furieuse, j’ai envoyé un email à KDP en leur demandant s’ils se moquaient du monde et pourquoi ils nous encourageaient à faire des promotions suicidaires. On m’a répondu, texto, qu’effectivement, pendant la promo, le livre ne se vendant pas, il dégringolait, mais qu’il s’agissait « d’un mal pour un bien » (sic). Que c’était un moyen de se faire connaître. De qui? De ceux qui avaient téléchargé gratuitement parce que c’était gratuit? Ils n’allaient pas le racheter une seconde fois, ceux-là!

Il est encore trop tôt pour savoir si ce risque inutile aura été bénéfique au Livre 2. Normalement, ses ventes devraient s’envoler, avec 99 lecteurs qui lisent actuellement le 1. Mais peut-être qu’ils vont attendre qu’il soit gratuit, lui aussi. Eh bien, ils peuvent attendre longtemps! Je m’en doutais déjà mais cette fois-ci j’en suis persuadée, les gratuits NE SERVENT A RIEN!

Vous perdez des places (et pas qu’un peu), vous perdez des ventes et si, comme moi, vous n’avez pas un second livre qui « pourrait » en bénéficier (à confirmer, rien n’est moins sûr), vous aurez tout perdu. Ne vous laissez pas prendre au piège du fameux « cela permet d’élargir son lectorat » parce que soyons clair, le lectorat gratuit, on s’en fout!

Pour élargir le débat, fuyez la gratuité comme la peste. Evitez les sites (monbestseller.com) qui ne proposent que des livres gratuits (vous noterez au passage l’ironie du nom de ce fameux site. Dans bestseller, il y a « seller », ou je parle plus anglais), vous n’y toucherez que des lecteurs au rabais. Des pinces, qui ne veulent même pas mettre 2,68€ dans un livre de 350 pages. Palmes aux pieds et tuba en main, j’attends avec impatience la vague de commentaires que m’a promise Amazon, je pense que je vais pouvoir me brosser un moment avant d’être submergée…

Bref, faites-vous payer!

Ce soir, le Livre 1 est miraculeusement revenu à la 286ème place, on va s’en contenter. Quoi qu’Amazon puisse en dire, je suis persuadée que ces abominables exemplaires gratuits et le soi-disant « bouche à oreille » qui s’ensuit n’y sont pour rien. J’ai fait une promotion payante (100 usd, soit 85€) de ma page Facebook Une Sombre Histoire de Sang, et je pense que c’est cela qui m’a sauvée!

Vive les promos payantes ! On peut au moins en espérer un résultat.

L’avantage, c’est que tout cela m’a mis un bon coup de pied aux fesses pour sortir très très vite le Livre 3 et sauver des eaux le Livre 1, enterré par cette promotion A BANNIR!

Alors voilà, ça y est… (roulement de tambour)… On va enfin savoir comment elle a fait, celle-là, pour réussir à se lancer. Le seul article qui nous intéresse depuis le début mais qu’elle évite soigneusement de nous faire lire…

Vous allez voir, vous allez être déçus. J’entends déjà les commentaires : « ben mince, alors, c’est tout? Mais si c’est ça, moi aussi, je peux le faire, moi aussi, je peux y arriver ». Figurez-vous que c’est tout le mal que je vous souhaite.

Avant toute chose, je vais essayer de vous expliquer ce que je pense avoir compris du fonctionnement d’Amazon, ce qui éclairera ensuite mon propos. Bien entendu, quand je me suis lancée, tout ceci était parfaitement inconscient, au sens de « non préparé » (et pas de « totalement barré », même si parfois, le doute est permis). Mais en y réfléchissant, je crois qu’inconsciemment, je suis parvenue à amorcer la pompe.

De quoi s’agit-il : pour ceux qui l’auraient raté, Arte a diffusé récemment un reportage sur la politique d’Amazon en matière de publication et de découverte de nouveaux talents. En dehors du fait que, selon Arte, on ne risquait pas de lire le futur prix Goncourt parmi les auto-publiés, ce qui ressortait du reportage c’était la volonté d’Amazon de se positionner en leader de l’édition et de « niquer » (pardonnez-moi l’expression), les éditeurs traditionnels. Sauf que ce positionnement nous arrange bien, nous les auto-publiés. Car, pour faire éclore de nouveaux talents, Amazon n’hésite pas à donner à tout le monde la possibilité d’émerger. Pourquoi vous dis-je cela? Parce que, comme certains vont vraiment finir par le croire, je travaillerais pour eux? Pas du tout. Tout simplement parce que depuis mon lancement, j’ai étudié le fonctionnement des classements.

Si vous voulez faire émerger de nouveaux talents, vous devez les classer « par le haut » : en clair, on commence fort et tout ce qu’on risque, c’est de chuter. Sinon, si vous les mettez à la suite de tous les autres, les grands noms, les stars de l’édition classique, vous n’avez aucune chance de dénicher, parmi eux, un futur best-seller. Et c’est exactement ce qui se passe quand vous vous lancez sur KDP. Vous remarquerez que les premiers classements de vos ouvrages sont tout à fait honorables, et rarement après la 1000ème place du top. Souvent, même, plutôt entre la 300ème et la 700ème place. Or, je vous le rappelle, certains sont aujourd’hui classés 18.000ème du top Kindle qui compte des centaines de milliers de livres. Donc, Amazon classe par le haut, en accordant, si je puis m’exprimer ainsi, une « prime à la nouveauté ». Dernier publié, premier proposé.

Vous le constaterez d’autant mieux lorsque, dans votre catégorie, vous verrez vous passer devant des livres inconnus, à peine publiés et ne pouvant pas se targuer du moindre commentaire positif. Quand vous, vous en affichez 5, tous à 5 étoiles. La raison en est toute simple : il s’agit d’un livre fraîchement pondu. Ce livre, ce fameux ouvrage que vous détestez avant même de savoir de quoi il parle, cet auteur impudent qui a l’audace de vous faire reculer d’une place, dites-vous que s’il est premier de sa catégorie c’est que très certainement, le jour de votre lancement, vous l’avez été aussi. Ou, pas loin.

Toute la difficulté, c’est donc d’amorcer la pompe qui va vous permettre de vous maintenir à flot. Sinon, vous allez inexorablement couler et finir par l’atteindre, cette fameuse 18.000ème place (voire, pire).

Tout cela, le 24 janvier 2014, quand j’ai appuyé sur le bouton, je l’ignorais. Mais, sans le savoir, je pense que je me suis correctement servie des 2 seuls leviers sur lesquels je pouvais agir : le prix (attractif), et les commentaires lecteurs. Et c’est là que, pour vous, tout va se jouer. Car, comment faire pour que votre livre se fasse remarquer? Pour qu’il ne perde pas ce rang inespéré auquel il s’accroche comme une moule à son rocher? C’est simple : votre parcours d’auteur, vous ne l’avez pas fait tout seul. Vous avez forcément, autour de vous, des proches, des amis, qui ont lu vos ébauches. Qui se sont pris la tête sur votre prose, votre titre ou votre couverture. Que vous bassinez depuis des mois avec votre projet d’écriture. Et qui sont au courant que ça y est, vous allez vous lancer et leur lâcher la grappe. Eh bien, ils se trompent.

Jour J, heure H, votre livre est parti dans les limbes. D’abord, vous commencez par l’acheter. Et oui, vous en avez le droit (même si vous ne serez pas autorisé à le commenter). Vous serez donc votre premier acheteur, votre première vente (ce qui vous permettra, le cas échéant, de pouvoir expliquer plus facilement le parcours d’achat et de téléchargement). Car, immédiatement après, vous allez mobiliser votre réseau. Moi, à l’époque, je n’avais même pas de compte Facebook, j’ai envoyé des textos (une dizaine, au total, dont 7 ont répondu « présent »). Je pense d’ailleurs que pour une mission de cette importance, il vaut mieux fonctionner par texto. FB, c’est bon pour le reste, mais pas pour cela. Ou alors, en messagerie perso. Et vous suppliez vos amis triés sur le volet d’aller acheter votre livre à 2,68€ (d’où l’intérêt de le mettre pas cher, c’est plus facile à 2,68€ qu’à 15€). Vous leur expliquez que même s’ils n’ont pas de tablette Kindle, c’est très simple : on peut télécharger depuis Amazon des applications gratuites pour lire sur PC, sur Ipad ou même sur téléphone portable.  Et vous les adjurez, ensuite, de poster un commentaire à 5 étoiles dans les 24h. Je sais, ça fait court mais tant pis. Ils ont adoré, ils n’ont pas pu décrocher, ils ont dévoré l’ouvrage dans la nuit. Mieux, vous leur soufflez les textes, ce que vous avez envie de voir apparaître en premier. Pour éviter de vous retrouver avec 7 fois : « c’était super, j’ai beaucoup aimé ».  Est-ce que c’est le style, l’histoire? Envoyez-leur carrément le texte de leur commentaire, ce sera encore plus simple. Sinon, ils auront peur de mal faire.

Surtout, dites-leur de faire attention à leur pseudonyme. De base, c’est le nom de leur boite email. Si c’est le même que le vôtre, ça craint… Demandez-leur de le modifier en ciblant ce qui vous intéresse : que des pseudos de filles, ou l’inverse, que des pseudos de mecs… Que certains fassent quelques fautes d’orthographe, ça sonnera plus vrai. C’est bien le seul endroit où je les autorise.

Et voilà comment, en quelques heures, votre ouvrage nouvellement publié et bénéficiant d’un classement honorable, se trouve propulsé en tête de sa catégorie grâce à 7 commentaires élogieux (c’est le nombre que j’ai obtenu). Accessible au plus grand nombre. A tous les autres lecteurs qui vont se dire : « Tiens, mais c’est quoi? Je ne l’ai pas lu, ce truc. C’est pas trop cher, ça a l’air sympa… Pourquoi pas? »

Vous ne me croyez pas? Je vous jure que je n’ai rien fait d’autre, strictement rien. J’ai juste demandé à mes amis (toujours les mêmes, les 7), de parler de mon aventure autour d’eux et d’encourager tous ceux qui liraient le livre et qui l’aimeraient à en parler à leur tour. A chaque fois, à 5 personnes minimum. Et c’est tout. Pas de battage sur Facebook, pas de vidéo sur Youtube. Rien.

Parce qu’au bout d’un moment, les vrais lecteurs apparaissent. Si le livre est effectivement à la hauteur de leurs attentes, les ventes augmentent, les commentaires (les vrais), se multiplient. Le livre remonte dans les classements. Comme il remonte, les autres lecteurs se disent que c’est parce qu’il est bon. Alors, ils l’achètent à leur tour. Et ainsi de suite.

Ces quelques commentaires du début peuvent servir à amorcer la pompe, j’en suis la preuve vivante. Pour le Livre 1, je n’ai pas les chiffres (voir Histoire d’une sombre Histoire). Mais pour le 2, lancé avec encore moins de commentaires (certains ont dû se dire que ce n’était pas la peine de recommencer), les voici : 2 ventes le premier jour, puis 9, puis 10, puis 21, puis 57. L’effet « boule de neige ».

Si vous avez plus de 7 « complices » mobilisables, gardez-en un peu sous le pied pour les temps de vaches maigres. Pour le moment où, après avoir fait 57 ventes en une seule journée, le livre va retomber à 20. Vous me direz « 20, c’est bien ». Oui, c’est mieux que 0. Mais beaucoup moins bien que 57 et du même coup, votre classement en prend une sacrée claque. Car c’est toute la subtilité : vous chutez aussi vite que vous êtes monté. Il vous faut donc conserver des poires pour la soif. Ne grillez pas tout de suite vos cartouches. Et quand ça va moins bien, déclenchez une nouvelle offensive « acheteur + nouveau commentaire ». Vous verrez, c’est efficace.

Voilà. J’aurais aimé vous dire que sur les autres plateformes, c’était pareil. Mais non. La semaine dernière, imaginant naïvement réitérer le coup ailleurs, j’ai essayé Nook. Au bout de 3 jours, le site ne parvenait toujours pas à télécharger mon manuscrit sous word, j’ai lâché l’affaire. Puis Kobobooks (Kobo étant le partenaire de Fnac.com, en gros, là ou la Fnac va chercher ses ebooks et ils ne sont pas nombreux, une sorte de boulangerie polonaise du temps de Solidarnosc). Sur Kobo, pas de commentaires clients. Si on ne vous cherche pas spécifiquement, on ne vous trouvera jamais. Après 3 jours, je n’avais vendu qu’un exemplaire, celui que j’avais acheté. Et Kobo ne savait pas me dire quand le livre apparaîtrait sur Fnac.com (ni même, si ce serait jamais le cas car, d’après ce que le backoffice m’a avoué par email, c’est Fnac qui décide d’intégrer l’ebook à son catalogue, ou pas).

Pour faire court, j’ai tout arrêté et je suis revenue sur Amazon, en exclusivité. J’aborderai dans un autre article les avantages (et les inconvénients) d’être en exclu sur KDP (avec la fameuse option « KDP Select »). Mais si un jour, à force de tourner sur la boutique de votre catégorie pour voir ce qui s’y passe et de télécharger des extraits gratuits de vos concurrents les plus sérieux, vous recevez un email d’Amazon faisant la publicité de votre livre et vous conseillant vivement de l’acheter car « il pourrait correspondre à vos goûts et à vos attentes », vous comprendrez, comme moi, qu’il vaut mieux se mettre dans les mains de gens qui savent faire. Qui appliquent à tous les romans, auto-publiés ou pas, les mêmes stratégies marketing. Qui envoient (à vous, mais à combien d’autres en même temps?), des publicités sur vos ouvrages. Parce qu’ils ont décidé que la publication traditionnelle, c’était de l’histoire ancienne.

Pour nous, ce n’est tout simplement pas notre histoire, elle nous est inaccessible. Alors, essayons de la construire ailleurs.

J’ai choisi de traiter ces deux thèmes ensemble car pour moi, ils vont de pair. Ou disons plutôt qu’ils ont le même objectif : donner envie de vous lire.

Comme je l’ai déjà expliqué dans d’autres articles, je suis de formation commerciale. Tout au long de ma précédente carrière professionnelle, j’ai été amenée à lancer des produits, à les promouvoir, bref, à faire ce que l’on appelle du marketing. Quand j’ai pris la décision de publier, c’est cette expérience qui m’a servi puisque je n’en avais aucune dans le monde de l’édition et que je n’y connaissais personne.

Mon premier conseil concernant le futur visuel de votre livre (couverture + titre), c’est de cibler tout de suite la catégorie dans laquelle vous allez le publier. Normalement, vous devez être en mesure de savoir si c’est plutôt un livre pour enfants, un roman d’espionnage, un thriller, un roman sentimental ou un guide du bien-être. A partir de là, traînez dans les rayons des librairies ou sur internet. Et regardez comment apparaissent, graphiquement, les livres des poids lourds qui publient dans votre catégorie. Parce qu’il va falloir vous en inspirer, au risque d’être tellement décroché que vous n’intéresserez personne.

Moi, je me suis penchée sur la catégorie « Fantasy bit-lit pour adultes et jeunes adultes ». C’est une catégorie très codifiée : un titre pour la série (La Confrérie de la Dague Noire, les Vampires Scanguards, la collection Nocturne…), un autre pour chaque tome. Sur la plupart des couvertures, on trouve des morceaux de corps humains enchevêtrés, de préférence musclés et tatoués. Premier indice : il allait falloir étaler de la viande. Second indice : les titres des tomes importaient peu à mon lectorat. Je vous cite quelques-uns des  best-seller auxquels j’allais me confronter : La tentatrice d’Amaury, la Séductrice de Zane… L’Amant Ténébreux, l’Amant enchaîné, l’Amant déchaîné… Ou mieux encore : Réclamée et engrossée par le loup… Si, je vous jure que cela existe.  Moi, j’aurais un peu de mal à passer à la caisse avec un livre pareil sous le bras, mais bon… Bref, le titre du livre, manifestement, les lecteurs s’en foutaient. Ce qu’il fallait, c’était trouver une identité visuelle basée sur une caractéristique physique mâle qui n’ait pas déjà été utilisée (exit, donc, les biceps et les torses virils), et claquer des titres simples, centrés chacun sur un personnage.

Je tenais déjà le titre générique (de haute lutte, voir l’Episode 1 de l’Histoire d’une Sombre Histoire) et le sous-titre (Celui qui n’avait pas renoncé). Il me restait le problème de la caractéristique physique. Je suis donc allée faire un tour sur une banque d’images (Fotolia, pour ne pas la citer). Car, et c’est un autre point important, vous devez être en mesure de prouver à tout moment que vous disposez de tous les droits  de ce que vous utilisez pour votre couverture. Bien sûr, pour économiser un peu, vous pouvez être tenté d’utiliser un cliché personnel mais attention : imaginez que le livre fasse un carton et que la silhouette floue que l’on entrevoit face à la mer, celle de votre cousine germaine ou de la meilleure amie de votre fille, se dresse un jour devant vous pour vous réclamer des droits d’auteur? Le plus simple, c’est donc d’acheter des images. Coup de chance, dans la rubrique « vampires », j’ai trouvé plusieurs clichés qui me convenaient parfaitement. Je les ai achetés (environ 100 € au total, le prix de ma tranquillité).

J’ai décidé que « ma » caractéristique physique, ce serait le regard. Car il revêt une importance particulière dans mon texte. Je me suis dit qu’à la lecture, on comprendrait pourquoi j’avais mis ces yeux, ceux-là tout particulièrement, sur ma couverture.  En plus, j’aimais bien l’idée d’une couverture que vous suit du regard. Je l’imaginais sur un présentoir, je la trouvais accrocheuse. Après avoir retravaillé l’une des photos pour n’en conserver que les yeux, j’ai donc balancé le tout chez un ami graphiste pour qu’il s’en dépatouille, avec mes instructions. En effet, je pense qu’un graphiste, aussi talentueux soit-il, ne sera pas en mesure de vous proposer quoi que ce soit si déjà, vous-même, vous n’avez pas une idée relativement précise du rendu final souhaité (couleurs prédominantes, style de police, etc…). N’hésitez pas à faire des croquis, des découpages, ou à lui envoyer des photos des couvertures de vos concurrents, pour qu’il comprenne à quoi il doit aboutir. Et lorsqu’il vous renvoie ses propositions, soumettez-les à votre entourage et retenez, de préférence, la version qui remporte le plus de suffrages. Ou, faites des mélanges des versions les plus appréciées.

Donc, une nouvelle fois, mon conseil est : soyez dans le ton. N’essayez pas de réinventer la roue. Certaines catégories exigent des couvertures extrêmement sobres. D’autres, extrêmement chargées. Les titres à rallonge sont très à la mode (Les gens heureux lisent et boivent du café, J’aimerais que quelqu’un m’attende quelque part, etc…). Pourquoi pas? Mais à condition de se positionner correctement et de décrypter les « codes » qui s’appliquent à chaque rubrique.

Enfin, n’attachez pas trop d’importance à la couverture, ou au titre. Personnellement, je ne pense pas qu’une couverture ratée soit de nature à vous faire lourdement chuter. J’ai reçu des commentaires de lecteurs enchantés par le texte, qui ont détesté la couverture. N’empêche qu’ils ont quand même acheté le livre et lui ont attribué 5 étoiles. Et pour les titres, personne ne m’en a jamais parlé, ni en bien, ni en mal. La couverture, ce n’est rien de plus que le papier d’emballage. Au fond, ce qui compte vraiment, c’est ce qu’il y a dedans.

Et si, comme moi, vous envisagez de publier plusieurs tomes, l’important c’est que d’un seul coup d’oeil, le lecteur parvienne à vous identifier. Qu’il se dise : « ah ça, c’est un tome des Sombres Histoires de Sang… » . D’où, la réflexion que vous devez avoir, en cas de série, sur votre capacité à décliner votre première couverture. Ne la « compliquez » pas trop, au risque de ne pas parvenir à la reproduire.

Vous l’attendiez tous, le voilà, le fameux article sur la biographie. Au vitriol, comme de bien entendu. En effet, si vous publiez sur Amazon, en plus de la page de présentation de votre livre , il va également falloir que vous prévoyiez une biographie.

La question n’est pas simple et elle est diversement abordée par les auteurs auto-publiés. Deux écoles se démarquent nettement : celle qui consiste à vouloir faire croire que l’on est talentueux avant même d’être lancé (de loin, la plus répandue), et celle qui mise sur la sobriété.

Or, à mon avis, dès cette page, vous risquez gros. Certes, le ridicule ne tue pas, mais quand même. Qui peut être intéressé par votre signe astrologique, voire votre ascendant? Si vous êtes lion ascendant poisson et que l’on est taureau, on peut lire ou ça risque de nous exploser à la figure? Et l’école où vous avez usé vos fonds de culotte ?… Petit rappel, nous ne sommes ni sur LinkedIn, ni sur Viadeo, ni sur Copains d’avant… Mais en train de nous prendre la tête avec votre biographie d’auteur, sur Amazon. Que prouve, aux yeux d’un lecteur potentiel, le fait que vous affirmiez dévorer des romans depuis que vous avez dix ans? Pas nécessairement, que vous êtes un écrivain. La preuve : de l’autre côté de l’écran, le lecteur compulsif qui vous découvre n’a peut-être jamais envisagé de sauter le pas, lui… Qui va vous croire quand vous prétendez avoir publié de nombreux ouvrages (à succès, bien entendu), alors qu’il n’y en qu’un seul, sous votre nom? Et qu’en plus, il est mal classé? Allons, allons, un peu de lucidité…

Autre problème : allez-vous vous présenter à la 1ère ou à la 3ème personne? « Je vis en région parisienne » ou « Lise Journet vit en région parisienne »? A cette question, je répondrai que la seconde version me paraît plus professionnelle mais attention, elle n’en est que plus savonneuse. Comme vous n’avez pas d’éditeur, chacun comprend aisément que c’est vous, qui écrivez sur vous-même. Si c’est à la 3ème personne, vous devez n’en paraître que plus modeste. Sinon, cela tourne vite à la gonflette, et qui dit « gonfler » dit « lasser ». Tout le monde n’est pas Alain Delon.

Enfin, l’épineuse question de la photo. Ah, la photo… Et oui, il est prévu d’en mettre une. Là aussi, c’est assez amusant car, pas de chance, impossible de se faire doubler par un animal ou une fleur, comme sur Facebook. Ni même, de prendre votre matou dans vos bras pour vous cacher derrière. Amazon exige de l’humain et uniquement de l’humain. Il y a donc les adeptes de la mise en scène travaillée : maquillage « papillon » sur le visage d’une certaine auteure de fantasy… au-delà de la grande section de maternelle, c’est difficile à assumer. Et plus encore, à prendre au sérieux. Je me suis demandé un instant avec terreur s’il allait falloir que je porte des fausses dents… de vampire. Ou que je me fasse la tête de Morticia, dans la Famille Addams. Le regard perdu vers l’horizon, style « penseur de Rodin », c’est très prisé aussi. De préférence, dans un cadre évocateur : rocher isolé face à l’océan, falaise à pic, ruines croulantes… Il y a ceux qui font semblant d’écrire… à la main. Surpris en flagrant délit de tricotage de méninges. Et puis, il y a ceux qui renoncent, purement et simplement. Au risque de laisser soupçonner qu’ils ne sont pas photogéniques. Qu’ils se rassurent, ils ne sont pas les seuls.

Alors, tout ceci étant posé, comment allez-vous vous en sortir? Mon conseil, c’est de naviguer un peu pour voir comment vous réagissez face à ces fameuses biographies. Est-ce que vous y croyez, ou pas? A force, vous allez vous faire une idée plus précise de la manière dont vous avez envie de vous présenter. Et surtout, de ce qui vous paraît caricatural, pompeux, niais, puéril, bref, de nature à vous mettre en position délicate.

En ce qui me concerne, j’ai « tilté » sur la biographie d’une auteure de romances, Angéla Morelli, que j’ai trouvée naturelle, fraîche et pleine d’humour. Avec cette petite pointe d’auto-dérision qui fait si souvent défaut, dans notre univers. Et c’est de cette biographie que je me suis inspirée : une photo souriante qui vous regarde dans les yeux, un petit texte sans prétention que je vous fais partager avec plaisir : « Angéla Morelli est née sur les rives verdoyantes de la Garonne, qu’elle a quittées il y a longtemps pour les brumes de la capitale. Diplômée de Lettres Modernes, traductrice de romances plus ou moins épicées (on lui doit entre autres la traduction de la série britannique 80 notes), elle est tombée dans la marmite de la romance en succombant, un soir d’inadvertance, au charme ténébreux de Joffrey de Peyrac. Quand elle a compris qu’elle n’épouserait jamais Rhett Butler, et en attendant de rencontrer enfin Ryan Gosling, elle a décidé d’écrire des romances dans lesquelles elle pourrait donner libre cours à son penchant pour les hommes intelligents et sexy.Elle se plaît dans le genre de la romance contemporaine urbaine dans laquelle humour et amour forment un cocktail détonant ! »

Et voici donc le résultat : « Lise Journet est née le 5 mai 1973 et vit dans le Val d’Oise où elle situe l’action de ses romans, n’ayant mis qu’une fois les pieds à New-York et encore, c’était il y a longtemps. Profitant d’une pause dans une carrière éclectique sans aucun rapport avec le domaine de l’édition, elle a décidé d’écrire l’histoire qu’elle désespérait de trouver. Poursuivant sur une lancée qui la mènera peut-être quelque part grâce à vous, lecteurs ô combien précieux qui méritez une reconnaissance éternelle, elle se prépare déjà à publier la suite des Sombres histoires de sang. Des histoires au ton léger et sexy dans lesquelles humains et vampires se côtoient, et plus si affinités, pour ramener un peu de justice en ce bas monde. Et tenter de vous faire passer un bon moment« . Quant à la photo, j’ai recadré un cliché de vacances sur lequel je me convenais : je ne faisais pas la tête, je regardais en face, j’avais l’air normal, pas inquiétant… Pas de livre dans les mains, pas de stylo, pas de physionomie inspirée, pas de maquillage à la Kiss. Juste, ma tête, un petit sourire en prime. J’ai considéré que c’était suffisant.

Pour le texte, je pense qu’il faut privilégier les éléments qui éclairent votre livre. Moi, si j’ai indiqué que je vivais en région parisienne, c’était uniquement pour préciser que j’y situais mes intrigues. Sinon, cela n’aurait présenté aucun intérêt. Même chose pour ma date de naissance, histoire qu’on ait une idée de mon âge (je ne suis plus une gamine = je n’écris pas pour des ados).

Il faut également que votre bio soit dans le même ton que vos livres. Si vous publiez un traité de physique quantique, votre photo peut être sévère et votre texte faire référence à votre parcours universitaire. Mais si vous versez plutôt dans le comique, postez de vous une photo souriante. Et, à mon humble avis, évitez les mises en scène grotesques, les photos trop visiblement posées, les jeux de mots lourdingues (et les fautes d’orthographe. Si, si, là aussi, on en ramasse à la pelle, comme les feuilles mortes).

Et surtout, un petit salut amical à vos futurs lecteurs, ça ne mange pas de pain et c’est sympathique.  Aussi ahurissant que cela puisse paraître, c’est encore plus rare que l’auto-dérision.

A suivre, bientôt, les questions concernant la couverture et le titre et, bien sûr, le lancement. Je sais, c’est un peu le vrac mais j’écris comme ça me vient. Et c’est toujours comme cela, d’ailleurs. Dans le désordre.